LES BISSA DE GARANGO
1 Situation géographique
Le canton de Garango, actuel département de Garango, se situe au Sud-Est du Burkina Faso (ex République de la Haute-Volta). Ce département fait partie intégrante de la province du Boulgou. Il est à l’Ouest du département de Tenkodogo, chef-lieu de ladite province. Garango est entouré à l’Ouest par le département de Manga, au Sud-Ouest par le département de Dialogaye et au Nord par le département de Boudri. Le département de Garango est au Nord d’une chaîne d’élévation montagneuse que la population appelle Boulgou (nom local de la divinité des deux élévations).
Jusqu’à une période récente, l’Est de Garango était occupé par des plaines, l’Ouest et le Nord par des sols sablonneux, ferrigineux, marécageux et de nombreux ruisseaux.
Cependant, la force de l’érosion éolienne et fluviale nous oblige à émettre des réserve dans l’état actuel.
Garango est dans la zone soudanienne du climat tropical de l’hémisphère nord à deux saisons : une saison sèche qui va de la mi-octobre à la mi-mai ; et une saison pluvieuse ou hivernage qui s’étant de la mi-mai à la mi-octobre. Les pluies sont abondantes (1000 mm à 1500 mm) mais elles sont le plus souvent irrégulières. La relative humidité permet le développement d’une économie agricole importante à base de céréales.
Le couvert végétal de la région correspond à une savane plus ou moins dense suivant la pluviométrie, mises à part quelques forêts galeries le long des cours d’eau dont le plus important est le NAKAMBE (ex Volta Blanche).
Ces aspects physiques favorables prédisposent le site de Garango à une occupation humaine.
2- Les Bissa de Garango
L’ancêtre des Bissa de Garango est un chasseur du nom de BARSO. Au cours d’une longue chasse, épuisé de la longue chevauchée, il décide de se reposer à l’ombre d’un arbre et de laisser souffler son cheval exténué.
C’est alors qu’il est emporté par un profond sommeil. A son réveil, constatant que le temps est bien avancé, il décide d’abandonner la chasse et s’en retourne. Mais il laisse à la région le nom Gar-Go qui veut dire en bissa » chasse abandonnée » pour se remémorer l’échec de cette entreprise lointaine. Plus tard, Barso revint s’installer dans cette zone et conserve le nom Gar-Go, lequel a été transformé par la graphie coloniale du fait de la déformation linguistique.
Quant à la terminologie » Bissa « , elle remonte aux origines de l’ethnie qui porte ce nom. Selon les traditions, les Bissa et les Moosé sont issus du même ancêtre. Cet ancêtre vivait dans la région de Koumassi à Yandé au Ghana actuel. Il eût trois fils dont Barso l’aîné. A la mort de leur père, Barso refuse de prendre le bonnet (signe de commandement) et ne garde que le pouvoir militaire. Les deux autres frères (parmi lesquels le plus âgé serait l’ancêtre des Moosé) s’étonnent de l’attitude de leur aîné et le considèrent comme un étranger, ce qui se traduit par Biisanga en langue mooré ou enfant étranger.
Depuis ce jour les descendants de Barso sont appelés Bissa, des enfants aux conceptions étrangères à la famille. N’y a-t-il pas lieu de se poser la question de savoir pourquoi le peuple bissa ne récuse pas cette appellation étrangère ?
Cependant, il existe d’autres traditions courantes à Garango. Elles rejettent l’idée d’un assujetissement des Bissa par les Moosé. Aussi, indique une tradition Barso (ancêtre des Bissa) a épousé Yennenga, fille du roi de Gambaga.
Cette tradition ne suggère pas un assujetissement mais un prolongement de la branche bissa par les Mossi. Toutes ces deux traditions apparamment contradictoires ont des aspects communs avec une des traditions relatées en pays Moaaga. Selon cette dernière, Yennenga, fille du roi de Gambaga (au Ghana actuel) a épousé un chasseur. Selon notre point de vue les Bissa recherchent ainsi la même identité que celle des Moosé.
Barso est donc le fondateur de la souche des » Bissa » de Garango. De retour de la chasse manquée ; il décide de revenir s’installer dans la région nommée Gar-Go. Cette région était riche en faune et en flore.
Barso s’installe à Garango où il fonde la dynastie des BAMBARA. Le terme BAMBARA veut dire en Bissa » la lumière, la clarté « . Il appelle à la solidarité, à la cohésion et à l’esprit de règlement pacifique des conflits des membres de la société.
L’occupation du site de Gar-Go devenu Garango par les Bissa a été pacifique. Ils n’ont rencontré aucune résistance puisque la région concernée était inhabitée. Toutes les familles (BAMBARA) sont donc issues d’un seul ancêtre, Barso.
Encadré
Le quartier
La division du village en quartiers fut un phénomène progressif. Cela est dû à l’arrivée de nouveaux immigrants parce que chassés de leur village d’origine.
C’est le cas des familles SARE, ZIGANI, NOMBRE, DARGA, etc. devenues aujourd’hui Bissa.
Ces dernières reçoivent un lopin de terre qu’elles mettent en valeur. Ces familles demeurent sous la juridiction de Garango. Ainsi, apparaissent des familles qui constituent le noyau des futurs quartiers. Le nombre des quartiers explique la diversité des noms de famille. De nos jours, ces quartiers quoique géographiquement éloignés les uns des autres, forment les 19 villages du canton de Garango. Ce sont : Garango, Tangaré, Pagou, Lourgogo, Bourra, Zanga, Pousga, Zalla, Karpangou, Bargasco, Zidré, Gargou, et le village Peulh.
L’objet de notre étude ne nous permettant pas de creuser le problème du peuplement, nous osons espérer que des travaux ultérieurs nous amènerons à une plus grande approche de ce phénomène.
Le village
Le village de Garango est composé d’une multitude de familles dispersées, distantes les unes des autres et séparées par de vastes » champs de cases « .
Le village correspond à un lignage. Tous les habitants portent le même nom et se réclament du même ancêtre commun. Cependant, dans cette société, le mariage constitue un des aspects le plus important.
Source : TRAORE Saïdou Siniguesba, 1988-1989.